Sciences de fin de vie. Un espace ultime, l’espace de soins palliatifs.


DR Bernard TROUDE 
2016 06 15 


Nos identités, paradigmes cruciaux de l’être contemporain, règnent à mes yeux entre les humains avec des mécanismes autorégulés. C’est à ces moments que, dans les méandres de toutes fins de vie,  vont se révéler et être produites des informations contenant tous les éléments conflictuels existant et restés sous-jacents. Définir reviendra donc à soutenir par un ensemble de faits (antithétiques ou réels), faisceau de notions et d’images formant science.
De-là vient (peut-être ?) une faille dans le modèle standard, germe tant attendu secrètement par les tenants d’une idéologie consacrée, une théorie de l’ultime qui permettrait de dépasser nos conceptions sur l’essentiel, nos conceptions actuelles sur « l’élémentarité ». Il demeure néanmoins ce point de vue sur la prédiction imposée, modèle standard non vérifié expérimentalement. Les mécanismes de pensée devraient  permettre de savoir si l’unification des interactions dans un but d’espace « dit palliatif » peut se réaliser ou non au travers des dispositifs. L’enjeu est considérable car il touche non seulement à nos conceptions de vie, à nos conceptions sur l’histoire des humains et de leurs univers, à la synesthésie personnelle autour de la fin de vie. En effet, les sujets sont intimement reliés. Cela me paraît être le chemin nécessaire de comprendre comment d’un univers primordial paraissant sans équivoque, indifférencié et homogène par nature visible, a pu surgir au cours de ces dernières temps, la diversité et la complexité de l’acte ultime, acte volontaire ou non.
L’appartenance du corps devrait rester la propriété de celui qui trépasse quoique puissent en penser les acteurs s’y réfléchissant. Je reviendrai sur ce statut de l’humain en apportant l’avis d’Edgar Morin : « La mort est ce qui identifie l'homme à l'animal et ce qui l'en différencie. Comme tout être vivant, l'homme subit la mort. A la différence de tout être vivant, il nie la mort dans ses croyances en un au-delà. » [[1]] Les comportements constitutifs qui se dégagent des cultures à l’égard de cette ultime étape font que selon les populations et leurs rites (souvent ancestraux) la Mort s’adjective de frayeur, la Mort s’incarne en un écueil, ou en un possible meurtre accentuant les dualités  des deux apologies : celle d’une survie et/ou celle d’une renaissance, ailleurs. Dans nos représentations contemporaines et postmodernistes, de récentes conceptions ont vu jour entre le biologique et la connexion de toute vie avec la Mort jusqu’à dénier cette ultime acte et fournir ce traitement  comme étant une forme de scandale.

Extrait de la parution 
Version américaine 2016 06 15 En attente pour: International Journal of Emergency Mental Health <editor.ijemhhr@omicsinc.com>
[1] Edgar MORIN, L’Homme et la mort, Paris, éditions du Seuil, coll. Point/Essais, 1976, 4ème de couverture