Les apparences et les sensations




« Nous sommes trompés par l’apparence du bien »
Cela s’impose comme l’association entre sagesse
et « retraite tranquille loin de la ville [1]». 

Nous serions dans cette période quand ceux qui ne comprennent pas un langage, fut-il en informatique, seront traités d’analphabètes. Rappelez-vous bien quand les corporations (techniques, intellectuelles, spécifiques à un traitement de la matière etc.) veulent se préserver de l’autrui s’invente des langages, jargons de métier. Ou quand les mots en image et par métaphore servent à faire admettre les choses. Nous ne savons pas très bien ce que veut dire le couple mot/image (B TROUDE, 2014 04 13, La sociologie par les mots ordinaires.) Phénoménologie pas si lointaine dans les années 1980, quand l’informatique entrait dans les sociétés par le biais des informaticiens détenant la vérité. Ces derniers avaient instauré une paranoïa pour le passage de 1999 à 2000 devant créer un bug international et qui, dès la minute passée en 2000 du côté de la Nouvelle Zélande, a fait que tout le monde a compris la supercherie marketing et commerciale. 
Rappelons ces jours venus des années après que l’automobile fût née : il a bien été nécessaire de vendre les produits sans que le client soit dans l’obligation de fréquenter une école spécialisée en mécanique, reste à part l’école de conduite. École, avatar des éducations militaires et religieuses seules dispensées à fournir un diplôme pour pratiquer. Actuellement, dans cette recherche du mouvement social, il apparaît à tous important de vouloir s’expliquer sur la lecture des images qu’elles soient argentiques, numériques, reprises en laboratoire ou « travaillées » au logiciel adéquat. Les milliers et milliers de textes, servant par ailleurs de références, ne paraissent pas suffisants et des cohortes d’étudiants, chercheurs à la suite de Benjamin, Barthes, Durand, Corbin, Derrida, Krauss, Nancy, de professeurs Berthoz, Denis, Couchot, Tramus s’épanchent sur le bien-fondé de ces démarches saturantes et saturées remplissant des pages et des pages de thèses. Les sociologues, encore une fois, font leur sport favori de constater que cela existe et y rajoute le fait que cela va évoluer. Plusieurs heures de palabres pour déterminer que nous sommes des analphabètes en la matière face à une (des) génération montant au créneau de la communication par l’image dans une vie presque totalement informatisée et virtualisée[2]. Il en sera de même que pour l’automobile : c’est la technique qui va se dissoudre dans le langage commun sans que nous soyons dans cette obligation de comprendre. Et, nous utiliserons largement et aisément sans devoir faire des écoles.
Réside par ailleurs une question benjaminienne : où serait l’œuvre d’art avec la représentation en image numérisée par obtention d’un appareil numérique ?
« Aussi matérielles soient-elles les œuvres contemporaines débordent souvent, du côté du sens et du projet, leur visibilité. Elles valent moins en tant que choses à voir qu'en tant qu'expressions matérielles, ou vestiges, parfois lacunaires et même déceptifs, de processus et d'expériences. Le rôle de combler l'apparente disjonction entre la part visuelle et la part conceptuelle des œuvres contemporaines; le rôle de raccorder, en quelque sorte, la matérialité sensible des œuvres à la réalité processuelle des démarches, des projets et des sens qu'elles actualisent; ce rôle a été dévolu aux mots, aux discours, aux récits… [3]»
En témoigne aussi de cette autre tendance dans l'univers des souhaits à expliquer qui est celle de la présence d'un DIEU surplombant comme solution (probable, probante et réconfortante) à tout ce qui pourrait n'avoir de solution. J'allais dire solution cartésienne, je préfère en la matière scientifique même si le doute doit rester. J'ai à relier ce qui vient d'être écrit au précédent paragraphe par le titre qui ouvre la voie au sujet préoccupant des éléments dégénératifs d'un comportement et comment pouvoir prévoir ou entrer en relation sans en référer à une commission divine, signe notoire de peur quand un auteur n'a plus rien à dire.


À suivre…



[1] Horace, Art poétique, v.25 : « Nous sommes trompés par l’apparence du bien » Cela s’impose comme l’association entre sagesse et « retraite tranquille loin de la ville ». Formulation de ce thème dans l’épigraphe des « Confessions, VI» de J.J. Rousseau. C’est aussi la signature dans l’anonymat obligatoire du candidat Rousseau au concours de Dijon pour lequel a été écrit le discours en 1749.
Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les sciences et les arts, Le livre de poche, éditeur, Paris 2004, 1ère partie, p 28 et 29. 
[2] Des dizaines et des dizaines d’heures passées en colloques, journées d’études, rapports et agoras de fin d’année universitaire s’ajoutent aux confrontations internationales pour dire strictement les mêmes choses au sujet des images perçues ou survolées de l’œil … 
[3] André Rouillé, Entre sens et sensation, Parisart-News 448 édition numérique du 17-05-2013