« Décrire
la souffrance vécue, la constituer en objet de récit et de connaissance
contribue à sortir des pans entiers de la société de l’invisibilisation, à
rendre aux individus une capacité de revendiquer et d’agir collectivement pour
transformer les conditions de leur existence. »
Emmanuel Renault.[[1]]
Le corps et les corps
se meuvent dans un espace de « mille plateaux » (cf : Deleuze et Guattari) non seulement les uns sur les autres mais aussi inter mêlés (ma
préférence va au terme « non médiés ») sans se choquer ou se
confondre, s’interpénétrer sans provoquer de chaos ou d’incidences visibles. Je
vais profiter de cette expérience de 6 semaines en deux fois 3, pour dire et
exprimer la vitesse à laquelle nous sommes pris dans un tourbillon, nous
vampirisant dans une situation neuve, ignorée des générations précédentes et
traumatisante. Il n’aura fallu que ce temps pour subir une mort sociale, telle
la société des « Zombies », société caraïbe excommuniée et civilement
écartée.
En conclusion de cet
essai, je vais évoquer l’état de mort qui nous laisse à penser mais qui nous
retire de la vie urbaine, de la vie tout court. Je suis arrivé à me demander
dans cette hiérarchisation sociale de la rue accompagnée de la marchandisation
de l’être humain, mais encore dans cette recréation d’une caste de peuple vil,
que le corps ne sert à rien sinon que défunt solitaire il pourvoit en besoins
cliniques, aux besoins anthropophagiques. La rue ne les regarde plus tant les
acteurs du trottoir sont avec leur mobile (téléphone), leurs journaux, leurs
préoccupations mentales, leurs façons de marcher ou courir en regardant leurs
chaussures.
Quand croiser un
regard devient provocation ou indécence.
« La
ville produit des expériences; les expériences induisent des formes ; les
formes produisent des villes … »
La ville est habitée, elle bouge. Cette qualité la
rend d’autant plus intéressante pour mon expérience qu’elle ne saurait être confinée
dans une zone, une dimension arrêtée, un logarithme froid, une carte mathématique
ou une photographie trop nette. Cette ville me contraint ou ces quartiers de
ville m’obligent à évaluer les approches pour m’en faire une notion globale,
aussi bien qu’elle rend toute formulation de cette totalité inabordable à la
pensée.
À suivre.
Parution en cours dans sa totalité en FRANCE / AUSTRALIE AFRIQUE du SUD, CANADA, USA
[1]
Emmanuel Renault, Souffrances sociales,
Paris, éditions La Découverte, coll. Armillaire, 2008, exergue sur le site de
l’auteur.