« Le Soi comparé au Moi de l’âme »
« Derrière
tes pensées et ses sentiments, mon frère, se tient un maître impérieux,
un sage inconnu – il s’appelle soi. Il habite ton corps, il est ton
corps. [1] »
Être et non-être.
Ce
que nous faisons intervient sans que notre mental, notre ego, notre
esprit correspondent avec ce que nous savons de nous. Cette
transparence, ce voile virtuel qui fait de nous deux êtres à part dont
l’un et l’autre ne peut se contrôler mutuellement. L’un est affectionné à
l’autre, dépendant de l’autre lui-même. «….. Le soi dit au Moi : souffre, maintenant, ….. Éprouve du plaisir maintenant. ….Et c’est à cette fin qu’il doit penser…[2]»
La
dualité ainsi exprimée s’aperçoit dans les travaux où le film
transparent support de l’objet/sujet photographié donne à voir et à
comprendre qu’il existerait toujours la trilogie entre l’observateur,
l’objet capturé, l’initiateur. Nous-même sommes co-présents avec notre
double (Soi et Moi). Le fait est que dès la compréhension d’un système
visuel, conduisant au savoir visuel, l’objet capturé est enfermé,
libérant toutes nos pensées en des ouvertures directionnellement
extravagantes ; enfermements dans l’idée et la fonction, résultat d’un
savoir faire et, immédiatement, ouverture aux autres éléments
d’identifications de présupposés. Encore une fois, nous sommes
collationnés à une situation positiviste, celle dénoncée et envisagée
par A. Comte dans son premier cours de philosophie :.
« L’individu
pensant ne saurait se partager en deux, dont l’un raisonnerait tandis
que l’autre regarderait raisonner. L’organe observé et l’organe
observateur étant, dans ce cas identique, comment l’observation
pourrait-elle avoir lieu ? Cette prétendue méthode psychologique est
donc radicalement nulle dans son principe.[3] »
L’ambiguïté de la situation ne réside que par le « Soi et Moi »
et avec l’autre, le regardeur réceptionnaire de l’image ou de
l’installation avec les films transparents. Il se fait à cet instant une
histoire qui ne correspondrait plus avec le motif réel de cette galaxie
environnante et labyrinthique. L’effet de cette situation est encore
repris par A. Comte et son positivisme :
Le
spectateur (le Soi et Moi) choisit le point de repère, les situations
d’assemblage identique selon ses désirs. Il arrive que nous soyons dans
cette violence à nous extraire de la réalité des dispositions et des
comportements. Cependant, il ne saurait exister de point de vue centrale
mais plutôt une multitude de points de vue même si toutes les
matériologies construisent une image et un point de vue unifié. Nous
cherchons en nous-même la transparence de nos sujets/objets. Cette
réverbération permet la multiplication des plans, des situations quand
l’un devient la transparence de l’autre, passant par-devant, par
derrière, obtenant cet assemblage de plans en transparence, à l’envers
ou à l’endroit, en passant, arrêt-arrêt momentané, passage rapide.
Quel
est ce sentiment perçu sur les transparences de toutes
qualités ? Comment sont ressentis les plans horizontaux ou verticaux ?
Quelle serait la motivation à utiliser à dominer les transparences ?
Voilà une série de questionnements (propres aux artistes dont je
suis) qui cerne le problème de cette thèse.
Nous
estimons voir le dehors et le dedans, l’orientation (du regard haptique
ou vision éloignée) dans l’espace réel. Ces informations construisent
la définition de l’image concrète : en premier, celle du
lieu. L’utilisation des matériaux d’emprunt provoque un regard nouveau
sur ces mêmes matériaux revus dans un contexte ordinaire. Nous avons à
nous faire cette violence et cette agression virtuelle afin de nous
désinvestir de nos connaissances antérieures. Les lectures du matériau
banal nous le montrent, alors vivant, dans l’espace de l’imagination de
la matière grâce à la vision plastique instantanée de l’artiste –artisan
de la production- parvenu à transgresser la seule esthétique de la
nouveauté. Les matériaux qui touchent à la perception à la
représentation utilisent des systèmes formels plastiques où tout autre
système nous offrent certaines interprétations au travers de la vision
singulière produite par un individu ou une collectivité. Qu’il soit seul
ou que le corps social soit un seul groupe, chaque élément est dans ce
rituel de la représentation. L’entre-deux exposé dans un film
transparent supportant l’objet est cet arrêt du temps quand tout groupe
est dans un rite imposant la marque d’arrêt pour un rituel plus
important arrêtant la vie courante.
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[1] Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, Paris, Édition Librairie générale Française, coll. Le Livre de poche Classique de poche, 1983, p49 § « Des contempteurs du corps »
[2] Ibidem , p 49
[3] Auguste Comte, Philosophie première, Cours de philosophie positive, Tome 1, Paris, É dit. Hermann (1830) 1975 Leçon 1 p.34 Ce passage a été saisi dans la version française de : L’Instropection comme pratique, article paru dans Journal of conscienousness Studies
http://www.expliciter.fr/IMG/pdf/introspection_comme_pratique.pdf